Quoi de neuf à l’horizon de nos cerveaux ?
l’hémisphère droit du cerveau est mobilisé par tout contact ou mouvement du corps, lequel est directement relié aux zones limbiques profondes du cerveau émotionnel, qui n’a pas son équivalent dans le cerveau gauche, verbal et rationnel.
Toute émotion est accompagnée de production de neurotransmetteurs spécifiques ; à ce jour, nous en connaissons une centaine. Il s’agit des phéromones qui constituent notre “6ème sens”, le sens chimique, l’un des éléments de notre intuition.
Nous diffusons en permanence ces derniers dans notre environnement proche et impactons toutes les personnes que nous approchons.
Nous possédons dans la profondeur du nez un organe qui capte ces éléments sans odeur (l’OVN, organe voméro-nasal). Ceux-ci traduisent nos humeurs internes et n’ont aucun lien avec les zones de notre cerveau conscient. C’est ce qui permet de “ressentir” l’état de l’autre même s’il vous tient un discours inverse. Nous échangeons donc des informations totalement inconscientes émanant de notre sensibilité profonde, riche, qu’aucun mot ne pourrait définir avec plus de précision.
Pour autant, il est important de pouvoir mettre des mots sur ces ressentis afin de conserver une mémoire et de retrouver ainsi les sensations, les sentiments qui y sont liés. Un peu comme si vous enregistriez des fichiers sous un nom afin de pouvoir remettre la main dessus plus tard. Ceci afin d’appréhender le futur avec de l’expérience, et donc de gagner du temps.
La parole peut bien sûr déclencher des émotions, dans le quotidien, c’est plus souvent l’inverse qui se produit ; l’émotion arrive d’abord, est ensuite conscientisée et verbalisée ensuite.
Nous fonctionnons de façon systémique : l’appétit fait saliver, la salive aiguise l’appétit, les massages et caresses provoquent l’émission d’ocytocine, qui elle-même intensifie le besoin d’attachement, de confiance, de tendresse et d’amour.
Aujourd’hui, aux Etats-Unis d’abord, de plus en plus en France également, les neurosciences sociales se développent et deviennent des disciplines d’importance.
L’I.R.M. (Image à résonance magnétique), permet de mesurer l’activité des différentes zones du cerveau en temps réel et de constater nos réactions en direct. Grâce à ces avancées, on recherche une exploitation optimale des techniques psycho-thérapeutiques.
Certains précurseurs tels Freud, Reich, Fenichel, Perls et bien d’autres, avaient pressenti une approche thérapeutique prenant en compte la dimension holistique, globale d’un individu en intégrant ses cinq dimensions principales : physique, émotionnelles, cognitive, sociale et spirituelle.
On apprend que les circuits de liaison orbitaux-frontaux, participant à l’intégration des informations sur l’état interne de l’organisme et donc sur son environnement ne s’achève qu’aux environs de 25 ans. Ceci peut expliquer qu’avant cet âge, certains comportements n’étant pas suffisamment contrôlés, donnent lieu à des prises de décisions étonnantes, voire des réactions impulsives et souvent incompréhensibles pour l’entourage. Il s’agit du même dysfonctionnement que l’on constate chez les autistes et certaines personnalités “borderline”. On constate une hyprsensibilité de leur amygdale à tout stress, en opposition à leurs liaisons frontales qui sont, au contraire, inhibées — perturbant la gestion de leur humeur et des passages à l’acte.
Les récents travaux des neurosciences permettent de réaliser qu’en fait, tout apprentissage agit directement sur les circuits synaptiques et modifie parallèlement la biochimie interne du cerveau : la production des hormones et des neurotransmetteurs (tout spécialement la dopamine, la sérotonine, l’adrénaline, la noradrénaline, la mélatonine, les endorphines, la testostérone, les œstrogènes…).
Cela est particulièrement vrai pour les psychothérapies à médiation corporelle ou émotionnelle comme la Gestalt-thérapie entre autre…
Il y a quelques années encore, on opposait volontiers la chimiothérapie et la psychothérapie.
on prend conscience que, finalement, certaines psychothérapies sont des chimiothérapies qui s’ignorent. En effet, leur action entraîne des modifications neurophysiologiques et biochimiques, à la fois rapides et durables (on a « réamorcé la pompe »). Avec l’avantage majeur qu’elles sont strictement personnalisées et dosées spontanément par l’organisme — et cela, parfois au milliardième de milligramme près, tout comme notre organisme surveille sans cesse le taux du sucre dans le sang, celui des vitamines ou des Oméga 3, ou encore du fer ou du zinc (sans lequel nous n’aurions pas d’odorat).
Chacun de nous possède une biochimie subtile et personnalisée, puisque chacune de nos réactions va produire une réaction chimique, qui va elle-même induire un dosage de neurotransmetteurs.
Aucune administration d’un médicament externe ne peut prétendre s’adapter aux variations subtiles et permanentes des dosages hormonaux de chaque personne : chaque repas, mais aussi chaque émotion, modifie cet équilibre.
Il est bon de savoir que toute réussite, que tout succès (amoureux, sportif, social ou intellectuel) peut doubler instantanément le taux de testostérone dans le sang ; quant à un orgasme, il multiplie… par quatre le taux de la testostérone et des endorphines3 ! Cette poussée subite de testostérone explique le comportement des joueurs de football qui viennent de marquer un but, et qui se « sautent » dessus, dans un élan érotique spontané, où encore celui des vainqueurs de Formule 1 automobile qui, dans leur excitation sexuelle, ouvrent une bouteille de Champagne… pour « l’éjaculer », au lieu de la boire !
Cette même testostérone gère à la fois l’agressivité et le désir sexuel — y compris, chez la femme. On peut donc parler d’hormone de la conquête, aux deux sens du terme (conquête amoureuse et conquête militaire). Ces deux pulsions fondamentales de vie et de jeunesse (survie de l’individu et survie de l’espèce) sont en fait très liées ; elles se côtoient d’ailleurs dans l’hypothalamus, séparées simplement par une zone de quelques millimètres… entre la zone de l’agressivité et celle de la sexualité : la zone de gestion du plaisir !
Le travail thérapeutique basé sur la parole permet d’obtenir des réactions en subtil équilibre et permet le dialogue entre conscient et inconscient, entre pensant et limbique et génère des réactions chimiques.
Parmi les neurotransmetteurs et neuromodulateurs, certains nous sont plus connus que d’autres. Par exemple, tout désir (la faim, la soif, le sexe) et tout plaisir (même artistique ou intellectuel) est corrélé à trois neurotransmetteurs :
DOPAMINE : tension du désir
NORADRENALINE : excitation du plaisir partagé
ENDORPHINES : bien-être et repos
Deux prises de sang, espacées de 5 minutes de rêveries optimistes (visualisation positive), permettent de constater une élévation moyenne de… 53 % du système immunitaire ! A noter l’importance de la visualisation et de la pensée créatrice au passage…
Les techniques d’imagerie cérébrale ont permis de filmer des modifications visibles et durables de circuits neuronaux produites par une psychothérapie chez des malades atteints de TOC (Troubles obsessionnels compulsifs). Des résultats spectaculaires ont été également produits par des traitements chimiothérapiques. Ces deux approches peuvent donc être complémentaires, voir interchangeables. La matière agit sur l’esprit et l’esprit agit sur la matière, de manière systémique et circulaire.
Peut-on modifier nos comportements de manière durable ?
Les chercheurs considèrent aujourd’hui que notre caractère peut se répartir en trois tiers environ. Il apparaît :
• pour 1/3 héréditaire : chromosomes du noyau de la cellule (notre ADN) ;
• pour 1/3 acquis : bain culturel, éducation, exercice ou entraînement, circonstances fortuites… ou psychothérapie ;
• pour 1/3 congénital, c’est-à-dire acquis pendant les premières semaines de la vie intra-utérine ; ainsi, par exemple, l’embryon est féminin pendant les premiers jours4, et la masculinité est une lente conquête, hormonale puis éducative et sociale. La fille n’est pas un garçon qui a perdu son pénis (comme le supposait Freud), mais le garçon est une fille qui a gagné un pénis.
Pour de nombreuses aptitudes ou prédispositions — telles que l’intelligence, le don pour la musique, le sport, et même l’optimisme6 — on retrouve ces trois tiers (héréditaire, acquis in utero, acquis pendant la vie), dans des proportions légèrement variables. Ainsi face à un même événement, chacun voit « le verre à moitié vide ou à moitié plein »…
De toute façon, il ne s’agit que de prédispositions qui peuvent être soit développées, soit inhibées par l’éducation ou par la psychothérapie — lesquelles favorisent ou neutralisent l’expression des gènes sous forme de protéines (comme l’a démontré Eric Kandel — professeur à l’université de New York, qui poursuit ses recherches à 80 ans… — et a obtenu le Prix Nobel en l’an 2000). L’hérédité n’est donc pas une « fatalité » !
Cette plasticité fondamentale du cerveau se maintient tout au long de la vie, jusqu’à un âge avancé : il a été confirmé par des techniques d’imagerie cérébrale que la surface du cortex représentant la main gauche s’élargit régulièrement chez les violonistes, pendant que les aires d’orientation spatiale vont jusqu’à doubler chez les chauffeurs de taxi londoniens (Londres est célèbre pour la complexité de son trafic).
• L’engrammation d’un souvenir (son inscription dans les circuits neuronaux) implique un « préchauffage » du système limbique (notre cerveau profond) par une émotion — d’où l’efficacité des psychothérapies émotionnelles et corporelles.
• Le souvenir d’une scène, qu’elle soit réelle ou imaginaire, présente la même localisation cérébrale et génère les mêmes processus mentaux. En réalité, tout souvenir est partiellement et inconsciemment reconstruit à chacune de ses évocations, cela à partir de désirs ou de craintes — pas toujours conscientes. Un constat plus qu’encourageant.
Cet article est un court résumé d’une conférence de S. GINGER, cofondateur, avec Anne Peyron-Ginger, de l’École Parisienne de Gestalt (EPG). Vous pouvez approfondir cette lecture en vous procurant son ouvrage sur la Gestalt ou l’art du contact.
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